En souvenir de Mohamed Bouazizi, l’étincelle qui alluma le «printemps…arabe»!

14 janvier 2014

En souvenir de Mohamed Bouazizi, l’étincelle qui alluma le «printemps…arabe»!

Comme tous les grands changements depuis des siècles, il a fallu l’action d’un individu pour amorcer l’un des grands bouleversements géopolitiques de cette décennie depuis les transitions démocratiques des années 90.

Comme Rosa Parks qui refusa de céder sa place dans un autobus en signe de protestation contre la ségrégation aux États-Unis, comme Gandhi qui jeta ses habits occidentaux pour boycotter les produits britanniques en signe de révolte contre la domination coloniale, comme…(les exemples sont légion), Mohamed Bouazizi (Sidi Bouzid, 29 mars 1984 – Ben Arous, 4 janvier 2011) préféra donner sa vie aux nations arabes en s’immolant par le feu contre les répressions policières qui avaient cours en Tunisie.

En effet, ce matin, du 17 décembre 2010, ce vendeur ambulant, devant les exactions répétées de la police de sa ville, tenta de se suicider par immolation. Il succombera à ses blessures deux semaines plus tard.

Cet acte héroïque fut à l’origine de la révolution dite de jasmin en Tunisie et donna, sans aucun doute naissance, à ce qu’il convenu d’appeler le « printemps arabe ». Cette étincelle se propagea dans plusieurs pays du Maghreb et du Proche-Orient. S’il est toujours difficile de cerner le rôle joué par les forces étrangères notamment occidentales dans les soulèvements endogènes des peuples arabes, une constance demeure : celle de reconnaître que ces derniers vivaient sous le joug de dictatures d’un autre âge. Du Maroc en Syrie, du Yémen en Libye, tous les régimes ont été ébranlés et ont été soit balayés (Tunisie, Égypte, Libye,…) ou soit forcés d’opérer des réformes (Maroc, Algérie,…).

Certes, ces émeutes et révolutions ont mis fin à certains régimes, mais elles ont eu comme fruit amer la montée de l’intégrisme religieux, l’atteinte aux droits de la femme, l’émergence de velléités identitaires, l’accroissement de l’insécurité et la décroissance économique. Plusieurs jeunes, qui ont été les fers de lance de ce « printemps arabe », se sentent aujourd’hui trahis et réclament un retour aux valeurs pour lesquelles ils se sont battus; des valeurs qui ont pour nom : respect des libertés, instauration d’un processus démocratique et réalisation d’une justice sociale en faveur de toutes les composantes de la nation sans discrimination.

L’espoir est encore permis quand on voit ces juges, avocats et groupes féministes qui refusent le dictat de l’intégrisme religieux et qui parfois meurent pour leurs idées, à l’instar de Chokri Belaid froidement assassiné. L’espoir demeure dans ces forces populaires qui tentent de rectifier les dérives du « printemps arabe », comme ces mouvements laïcs de la place Tahrir en Égypte.

L’espoir est dans la voix de ces jeunes poètes de rue de Tunis. Donnons, d’ailleurs, la parole à Shams Radhouaouni Abddi pour conclure :

« L’idée est une bombe à retardement qui fait tic-tac […]/Les idées originales n’ont pas besoin de masque/L’idée vit sous terre/C’est une mine, si vous marchez dessus, elle explose/L’idée guérit les mots… et les douleurs/L’idée naît là où il n’y a pas d’électricité/Elle est ensuite couchée par écrit/Elle plonge au cœur de l’esprit puis rejaillit sous forme d’électricité.» Ce souvenir de Mohamed Bouazizi s’adresse aussi à ces milliers de héros connus et anonymes tombés sur le champ de la liberté.

Thierno Souleymane Barry, Babaen

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