Quid de la protection des journalistes! Journée mondiale ou comment aller plus loin?

23 février 2014

Quid de la protection des journalistes! Journée mondiale ou comment aller plus loin?

 

Une journée mondiale pour la protection des journalistes, c’est bon! Mais une convention internationale, c’est encore mieux!

Norbert Zongo. Guy-André Kieffier. Ghislaine Dupont. Claude Verlon. Yara Abbas. Ahmed Abdel Gawad… Ce n’est pas là l’énumération de journalistes ayant remportés un prix quelconque; c’est l’appel de journalistes tombés sous les balles, morts en prison ou disparus, tous en devoir. Selon le bilan révisé du Comité pour la protection des journalistes (CPJ), un organisme voué à la protection des journalistes basé à New York, il y aurait eu 70 journalistes morts en devoir, pour la seule année 2013. Ce bilan rejoint celui de nombreuses autres organisations non gouvernementales telles Reporteurs Sans Frontières (RSF), la Fédération internationale des journalistes (FIJ) et Human Rights Watch (HRW), lesquelles chiffrent, à plus de cent, le nombre de journalistes tués dans le monde. Cependant, quel que soit le chiffre retenu, il convient de souligner que ce bilan est plus que lourd.

La consécration du 02 novembre 2013, date d’assassinat des deux de RFI (Ghislaine Dupont et Claude Verlon) au Mali, comme la Journée mondiale pour la protection des journalistes par les Nations Unies représente un pas de plus dans la protection des journalistes et ce, à un double titre. Premièrement, cette consécration permet de rendre hommage à deux journalistes intègres, qui sont morts, sur le terrain, en essayant d’exercer leur métier, celui de recueillir et de livrer l’information au public. À travers eux, c’est un hommage au journaliste anonyme qui exerce un métier périlleux dans de conditions parfois difficiles et au péril de sa vie qui est souligné. Deuxièmement, cette consécration permet de mettre l’emphase sur la protection des journalistes qui sont visés tant par les gouvernements en place que par les autres groupes de la communauté internationale.

L’adoption de cette résolution marque un début prometteur dans la protection des journalistes dans l’exercice de leur fonction. Cependant, il serait souhaitable que les Nations Unies adoptent, dans les meilleurs délais, une convention internationale sur la protection des journalistes, une convention de nature contraignante, prévoyant des obligations aux États et à tous les acteurs de la communauté internationale et instaurant de sanctions sévères en cas de non-respect des dits-prescriptions.

Par analogie, cette démarche rejoint les Principes de Paris, adoptés par les Nations Unies, pour assurer la protection des commissions de protection des droits de la personne, par ricochet, des protecteurs des droits de la personne. Car qui dit protection des droits de la personne, dit implicitement protection des protecteurs de ses droits que sont les sentinelles constituées des personnalités civiles, des ONG et même des journalistes – qui informent l’opinion publique des violations des droits de la personne à travers la planète.

Pour terminer, laissant la parole à Albert Londres qui rappelle le métier de journaliste en ses termes : « Je demeure convaincu qu’un journaliste n’est pas enfant de cœur et que son rôle ne consiste pas à précéder les processions, la main plongée dans une corbeille de pétales de roses. Notre métier n’est pas de faire plaisir, non plus de faire tort, il est de porter la plume dans la plaie ». Au-delà d’une Journée Mondiale, le temps est venu pour une Convention internationale pour la protection des journalistes dans l’exercice de leur métier.

Thierno Souleymane Barry, “Babaen”

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